Les questions de santé concernent aussi bien le fait de préserver l’équilibre subtil du « bien-être », que le fait d’intervenir efficacement au moment où apparait un malaise, une pathologie. Toutefois, ces deux approches, l’une préventive, l’autre curative, peuvent s’appuyer sur des conceptions très différentes de ce que sont la santé et la maladie, sur des manières très différentes d’impliquer, donc de responsabiliser le « patient », et en conséquence sur des systèmes médicaux eux-mêmes très différents.
L’apparition d’un signe, d’un symptôme qualifié de « pathologique », n’est pas dénué de sens, et dès lors tenter de le faire disparaître ne l’est pas non plus. Le symptôme visible témoigne toujours d’un déséquilibre en amont, dont l’origine se trouve le plus souvent dans des modes de vie et d’alimentation inadaptés. Il ne s’agit donc pas d’éliminer un symptôme, d’éradiquer le mal en s’en remettant à une médecine palliative lourde de conséquences, mais bel et bien d’observer, de réfléchir, et d’aborder un sérieux travail de fond.
En médecine alternative, la qualité du terrain individuel (capacités d’adaptation) prédomine largement dans les questions de santé. Le maintien de son équilibre propre (homéostasie) en accord avec celui de l’environnement est extrêmement important, ce qui oblige chacun à une responsabilisation de ses actes à la hauteur de la condition d’Humain qu’il veut se donner : à la fois proche de ses besoins individuels et conscient d’un équilibre aussi bien interne qu’externe à préserver et dont il dépend. « Bien manger » et « bien vivre » en sont les bases, ce qui justifie notre sensibilité et notre compétence dans les domaines de l’éthologie et de la diététique.
Dans le monde animal originel, l’instinct se caractérise par un ensemble de comportements, d’attitudes, d’émotions, entièrement innés et au service de la vie. L’instinct est le fruit d’une longue adaptation au sein d’un écosystème donné, et semble à ce titre être le « médecin » individuel le plus sûr. L’animal sauvage n’a pas d’autre choix que de maintenir son organisme au top de son fonctionnement afin de pouvoir réagir au mieux aux fluctuations de son environnement. Pour sa survie, il mise sur la justesse de ses attitudes et sur son alimentation de tous les jours. Le choix et la diversité des aliments qu’il prélève dans son environnement sont donc cruciaux, et cela devient un facteur important de régulation démographique quand ils ne répondent plus à la demande.
Dans le cas de l’animal domestique, la donne est quelque peu différente. Parfois loin de l’habitat naturel auquel il est le mieux adapté, son acclimatation doit se faire au détriment de ces pulsions instinctives. Quand est-il alors de sa santé ?
La majorité des équidés vivaient il y a encore peu de temps (5000 ans est un temps court à l’échelle d’une évolution de 50 millions d’années), dans un écosystème continental, la steppe, où la végétation est la plus grande partie de l’année sèche et grossière, et en de plus rares et courtes occasions richement verdoyante. A elle seule, l’herbe « grasse » (riche en azote) et abondante de nos pays tempérés peut vite devenir un aliment toxique (obésité, hyperlipidémie, colites, fourbure…) pour ces organismes habitués à la frugalité, mais adaptés à faire des réserves dès que cela est possible. De plus, programmé pour de longues heures de marche et une vie de troupeau, le cheval moderne doit aujourd’hui répondre à certaines exigences de la vie domestique qui sont trop souvent à l’opposé de ses besoins fondamentaux.
Devenu dépendant de l’humain quant à sa mobilité ou la diversité et la qualité de ce qu’il mange, l’animal sédentarisé n’a plus la possibilité de satisfaire par lui-même l’intégralité de ses besoins et encore moins ceux créés par les exigences de sa vie domestique (effort sportif). C’est ainsi qu’un cheval pourra dévorer un aliment au-delà de ses besoins, cherchant à compenser un manque comportemental ou nutritionnel qu’il n’arrive pas à combler. Les excès et les carences alors occasionnés vont être à l’origine de troubles et de fragilités qui ouvrent la porte aux multiples « agressions » de l’environnement et aux maladies.
Se rajoutent encore à tout cela certaines contraintes pour lesquelles l’organisme n’a absolument aucune réponse adaptative. C’est le cas du surmenage digestif avec des aliments concentrés industriels, qui occasionne de graves intoxications. C’est aussi le cas des diverses pollutions occasionnées par l’urbanisation, l’industrialisation, l’agrochimie, qui se retrouvent dans l’air, les aliments, l’eau. C’est encore le cas de la surmédicalisation banalisée avec des molécules chimiques toxiques, telles que vermifuges, antibiotiques ou anti-inflammatoires.
Toutefois, l’intérêt n’est pas d’idéaliser nostalgiquement un mode de vie impossible à reconstituer, mais d’apprécier correctement les besoins psychophysiologiques de l’animal et de l’accompagner en conséquence tout au long de l’année.
Il s’agit d’instaurer une relation et un dialogue entre l’homme et l’animal, qui placent celui-ci au rang de partenaire respecté dans son identité biologique. Plus qu’un animal de compagnie, il est ce compagnon dont la santé en dit long sur notre capacité à l’écouter et le respecter.
Aussi, les problèmes de fourbure, les dermites et autres bourgeonnements et démangeaisons cutanés, les encombrements et difficultés respiratoires, l’usure ostéo-articulaire prématurée, les excès de « parasites » internes et externes, sont à considérer comme les témoins d’un déséquilibre qu’un « simple » travail de fond, éthologie et diététique, permet d’éviter. Bien sûr il y a des terrains plus solides que d’autres, et des susceptibilités génétiques propres à chacun, mais n’attendons pas que la goutte fasse déborder le vase car il est infiniment plus difficile et onéreux de retourner à l’équilibre et d’éviter les récidives une fois la pathologie installée, que de faire en sorte que celle-ci n’apparaisse jamais !